La fin d’une censure qui dure depuis bien trop longtemps ? Plus de 10 ans après avoir banni les seins de mères en train d’allaiter, le conseil de surveillance de Meta a demandé une révision des règles de l’entreprise à ce sujet. Car la régulation actuelle interdit les images de femmes à la poitrine dénudée… mais pas celles d’hommes.
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Un biais qui met totalement de côté les personnes transgenres et non binaires, estime ce conseil composé d’académicien·ne·s, politiques et journalistes. Récemment, Facebook a d’ailleurs temporairement suspendu des photographies postées par un compte tenu par un couple de personnes transgenres et non binaires. Selon The Guardian, le couple y figurait poitrine nue mais les tétons couverts, le tout accompagné de légendes détaillant les soins dont peuvent bénéficier les personnes transgenres et annonçant collecter des fonds pour une chirurgie du torse.
Des utilisateur·rice·s du réseau social ont alors signalé le post, qui a ensuite été inspecté et retiré par un système d’intelligence artificielle. C’est seulement après que le couple a fait appel de la décision que Meta a fini par remettre les publications en ligne.
“Cette politique est basée sur une vision binaire du genre et une distinction entre les corps masculins et féminins”, peut-on lire dans le rapport du conseil de surveillance de Meta du 17 janvier dernier. “Une telle approche ne permet pas de déterminer clairement comment les règles s’appliquent aux personnes intersexuées, non binaires et transgenres, et exige des évaluateurs qu’ils procèdent à des évaluations rapides et subjectives du sexe et du genre, ce qui n’est pas pratique lorsqu’il s’agit de modérer du contenu à grande échelle.”
Avant de recommander la définition “claire, objective et respectueuse des droits” de critères encadrant ses Règles de Communauté relatives à la Nudité d’Adulte et à l’Activité Sexuelle. Ce, de façon à respecter le droit international de l’homme et de ne “discriminer personne en fonction de son sexe ou de son genre.”
Rappelons que la campagne #FreetheNipple s’est popularisée dès 2013, lorsque Facebook a retiré des extraits du documentaire Free the Nipple de Lina Esco. L’engagement des étudiant·e·s et de célébrités telles que Rihanna ou Miley Cyrus a ensuite participé à l’explosion du mouvement.
En 2019, alors qu’un groupe d’influenceur·euse·s était invité au siège d’Instagram pour débattre de sa “politique téton”, l’une d’entre eux apprend qu’aucune personne transgenre ne composait l’équipe chargée de la politique de modération du contenu de l’entreprise. Depuis, Meta aurait déclaré : “Nous faisons évoluer nos règles en permanence pour rendre notre plateforme plus sûre pour tout le monde. Nous savons que nous pouvons faire plus pour soutenir la communauté LGBTQIA+, et que ça signifie travailler avec des expert·e·s et des associations en faveur des LGBTQIA+ sur une série de sujets et d’améliorations de produit.” L’entreprise a 60 jours pour répondre publiquement au rapport du conseil de surveillance.