Hier soir, déjà plus d’1 million de viewers se réunissaient devant les streams du jeu sur Twitch. Avec la sortie anticipée de son édition Deluxe digitale, Hogwarts Legacy : L’Héritage de Poudlard trouve indubitablement son public. Mais ses détracteur·rice·s aussi sont nombreux·euses à dénoncer l’hypervisibilisation d’un jeu dont tout l’univers est le fruit d’une écrivaine accusée de transphobie. Car si Warner Bros. Games avait assuré dès 2020 que J.K. Rowling n’était pas “impliquée directement dans la création du jeu”, cette dernière profite malgré tout d’une partie des bénéfices, étant à l’origine du “Monde des Sorciers”, avançait Polygon.
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Les internautes ont donc développé toute une série de stratégies, en amont ou en aval de la sortie du jeu, pour dénoncer les idéologies auxquelles il serait directement ou indirectement lié, et inciter à son boycott.
Le spoil
Simple mais efficace. Si vous traînez sur Twitter, vous êtes peut-être déjà tombé·e·s sur un spoil de la fin du jeu. Véhiculé par plusieurs internautes comme un·e certain·e Simon ou Berry sur Twitter, il vise tout simplement à dégoûter les futur·e·s joueur·euse·s de se lancer dans l’aventure. Ce spoil prend majoritairement la forme d’un screen d’un texte en anglais, tiré d’un tweet ou d’un commentaire Facebook, partagé en masse sous de nombreux tweets depuis hier soir.
La dénonciation
Autre astuce : la création du site havetheystreamedthatwizardgame.com (“Ont-iels streamé ce jeu de sorcier ?” en français). Le concept est clair : recenser tous·tes les streamers qui ont joué au jeu sur Twitch. Il a été mis en ligne un peu en amont de la sortie du jeu, le 6 février dernier, par Sam Gibbs, développeur web :
Chargement du twitt...
L’occasion pour certain·e·s de faire un tri dans leurs abonnements Twitch. Pourtant, moins de 24 heures plus tard, le site se retrouvait déjà fermé, annonçait Dexerto. À l’heure où nous écrivons ces lignes, le lien renvoie en effet vers le message “Ce service a été suspendu par son propriétaire”. Aucune information ne précise pour l’instant si cette décision a été prise par Sam Gibbs ou non.
Les avis
Le jeu n’étant pour l’instant sorti qu’en version Deluxe digital uniquement, les joueur·euse·s devront attendre sa date de sortie officielle le 10 février prochain pour pouvoir laisser des avis sur des plateformes comme Metacritic ou Steam. Pourtant, des groupes de curation peuvent d’ores et déjà recommander ou non le jeu sur Steam et en profitent pour rappeler les propos transphobes de J.K. Rowling.
C’est le cas d’un·e certain·e Nonbinary Haven, qui a averti dans sa critique le 10 janvier dernier : “J.K. Rowling, la créatrice de la saga Harry Potter, est transphobe et TERF [Trans-exclusionary radical feminist]. En achetant ce jeu, vous soutiendrez l’autrice par le biais de chèques de redevances.”
La protection des droits des personnes transgenres est régulièrement mentionnée par d’autres groupes de curation : “Acheter ça revient à mettre de l’argent dans les poches d’une TERF” rappelle un·e autre, “je ne suis définitivement pas transphobe” avance-t-on, “vous pouvez juste faire un don au groupe de soutien aux droits des personnes transgenres de votre région à la place” conseille-t-on aussi, ou simplement cette piqûre de rappel efficace : “Les droits des personnes trans”.
Le piratage
Pour celles et ceux qui meurent d’envie de jouer à Hogwarts Legacy mais se refusent à donner leur argent à J.K. Rowling, un dernier conseil subsiste : le piratage. Plusieurs internautes incitent à cracker une version du jeu afin de ne financer aucun individu dont les propos vont à l’encontre de ses propres principes.
Côté médias, la rédaction de Gamekult avait aussi déclaré ne pas publier de critiques sur Hogwarts Legacy le 6 février dernier. Une décision validée par certain·e·s et accusée de pink-washing de l’autre, Gamekult ayant déjà évoqué le jeu dans plusieurs articles.
Pour rappel, tous ces mouvements répondent aux propos ouvertement transphobes énoncés par J.K. Rowling en 2020, insinuant que seules les femmes pouvaient avoir leurs règles. Son dernier roman, Sang trouble, participait encore plus à véhiculer des messages transphobes en mettant en scène un homme cisgenre s’habillant en femme pour commettre des meurtres.