Cela faisait dix ans. Dix ans que nous avions perdu contact. Et, parce que j’ai toujours trouvé ça sain et constructif de garder contact avec ses ex, je me suis dit, il y a quelques mois et de manière tout à fait inopinée, qu’il était temps enfin de reprendre contact. Puisque notre relation avait été originale, mon ex a exigé des retrouvailles originales. Pas de verre en terrasse. Pas de resto. Pas de cinéma. Il fallait autre chose. De l’inattendu, du drôle, du dépaysant.
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La révélation inattendue
D’emblée, j’ai pensé à la tech, avec ses outils infinis. Un petit mur virtuel parfait pour communiquer avant la rencontre. Mais par où passer ? Une appli ? Un MMORPG ? Le détournement subreptice d’un subreddit ? Malgré les recherches, la formule magique n’arrivait pas. Et puis, au beau milieu des réflexions, une collègue m’a partagé une feuille de calculs pour tenir à jour le budget des piges. La solution était là. Sous mes yeux, depuis toujours. Nichée dans mon Google Drive (article non sponsorisé).
Je suis nul en Excel. Je n’y connais rien en macro. Mes additions échouent une fois sur deux. Quand je rajoute une ligne, tout se décale. Mais cela ne m’a pas rebuté. Dans ce que je m’apprêtais à bâtir, tout serait beaucoup simple. Il suffirait d’un peu d’imagination et de faire une croix sur la peur du ridicule.
Les quatorze colonnes
Cet Excel (ce Google Sheets partagé, plus précisément) serait un catch-up géant des dix dernières années. Il balayerait le plus de thématiques possible. J’ai donc dressé quatorze colonnes censées résumer les grands pans de nos existences : “les pires trucs qui nous sont arrivés” ; “les meilleurs trucs qui me sont arrivés” ; “les livres que j’ai adorés” ; “les films que j’ai adorés” ; “mes changements intérieurs” ; “comment le Covid a transformé ma vie (ou pas)” ; “mes nouvelles passions” ; “mes envies pour le futur” ; “les jeux (vidéo ou de société) qui m’ont fait délirer”, etc.
Sous les colonnes, deux lignes, avec nos noms. Charge à chacun de remplir sa partie. Pour initier le mouvement, j’ai rempli quelques cases avant de partager le document, plutôt fier de moi. Et le miracle s’est produit. L’outil numérique le plus aride au monde (après le bloc-notes de Windows) s’est transmué en terrain de jeux. Au fil des semaines, chaque fois qu’une case se remplissait, un étonnement joyeux.
Inventaires à la Prévert
Aussi ai-je osé me confier sur mes coups de cœur cinématographiques douteux des dix dernières années (Her, Incendies, Captain Fantastic et La La Land). Dans la colonne “envies pour le futur”, je me suis surpris à prendre conscience que je rêvais d’animer, un jour, une émission sur France Inter. Je n’ai pas eu peur d’avouer mon ignorance crasse en jeux vidéo (malgré mon statut de journaliste tech). Dans la colonne “séries”, j’ai revu défiler, la larme à l’œil, les quatre saisons de Dix pour cent.
La réciprocité a fait son chemin. Les cases se répondaient les unes aux autres. Après cette sage correspondance rectangulaire, quelques liens, mèmes photoshopés et gifs animés sont venus agrémenter les micro-textes. L’anarchie a pris le relais. Le texte s’est déporté hors de la quarantaine de cellules prédéfinies pour aller battre un record d’exil ligne 54.
Un an plus tard, quand je contemple rétrospectivement notre Excel de retrouvailles, je me rends compte que l’outil informatique le plus basique et compliqué au monde était devenu le reflet des souvenirs que j’avais de notre relation. Ludique. Colorée. Originale.
Si vous souhaitez vous lancer dans l’aventure, voici un template que nous mettons gracieusement à votre disposition.
Vous avez une remarque ? Vous avez trouvé d’autres méthodes simples et originales pour des retrouvailles ? Écrivez-nous à hellokonbinitechno@konbini.com pour tout nous raconter.