Ouf, les NFT n’auront finalement pas réussi à gâcher nos jeux vidéo

Ouf, les NFT n’auront finalement pas réussi à gâcher nos jeux vidéo

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© Minecraft/YouTube

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Par Pierre Bazin

Publié le , modifié le

Comme quoi, râler, ça paye, parfois.

Il y a maintenant deux ans, les NFT, ces “jetons non fongibles” qui utilisent la blockchain pour garantir une authenticité numérique, débarquaient. Alors que le monde se remettait à peine de l’avènement des cryptomonnaies, voilà qu’une nouvelle technologie, incompréhensible aux yeux des profanes, envahit les réseaux sociaux.

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Mise en avant par des records de ventes aux enchères faramineuses comme le mème Nyan Cat ou le “tout premier tweet“, la NFT-mania a vite récupéré ses adeptes en la matière des cryptobros. Très vite, Twitter s’est vu envahir par des photos de profil de singes moches et on a entendu parler de NFT à tout va : des œufs de Pâques au vagin en 3D de Madonna.

Alors, évidemment, l’industrie du jeu vidéo, qui souhaite toujours avoir une longueur d’avance, s’est aussi emparée de cette technologie. Il y a eux des jeux entièrement basés sur les NFT, mais la plupart des gros éditeurs mainstream y ont aussi au moins trempé un doigt, d’Ubisoft (Ubisoft Quartz) à Square Enix en passant par Sega. Il devient alors possible d’avoir des “objets” uniques dans le jeu et même de les revendre.

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Internet contre-attaque

Rapidement, dans les rangs des gamers, les claviers mécaniques grincent. Il y a comme un air de déjà-vu avec les lootboxes arrivées quelques années plus tôt. Ces “boîtes” payantes offrant des récompenses aléatoires n’avaient vraiment pas plu aux joueurs et se sont même attiré la foudre de gouvernements comme la Belgique qui les a interdites, les considérant comme des “jeux de hasard”.

Sur Internet, la contre-offensive face à aux cryptobros a mis du temps mais elle est arrivée. Les “NFT-Scams” ont finalement trouvé leur place et chaque initiative de grandes entreprises encourageant cette technologie a rencontré une marée de critiques, de moqueries et de trolls bien placés comme sait si bien le faire Internet.

Fin 2021, le PDG de Discord Jason Citron annonce réfléchir à intégrer les NFT sur son logiciel de tchat vocal. Des milliers de personnes lui expliquent alors qu’ils n’hésiteront pas à se désabonner de leurs comptes “Nitro” payants si des NFT venaient à arriver sur la plateforme. Quelques jours plus tard, Citron s’excuse et explique que le concept n’avait été que “vaguement évoqué” en interne.

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Alors que l’enthousiasme pour les NFT était assez fort au départ, notamment dans la sphère Web3 (métavers, crypto, etc.), elle a vite laissé la place au scepticisme, à la méfiance et à la vive critique. Bill Gates lui-même n’a pas caché son dégoût pour cette “tendance” destinée selon lui aux “idiots”.

“Qui aurait pu prédire le crash des NFT ?”

En ce qui concerne les gros éditeurs de jeux vidéo, on peut espérer que les retours de leurs communautés de joueurs les aient peut-être fait reculer. En réalité, il y a aussi des circonstances économiques, puisque le marché des NFT s’est écroulé à l’été 2022. Le NFT du “premier tweet” de Jack Dorsey vendu pour 2,9 millions de dollars, se retrouve ainsi un an plus tard à ne valoir que plus quelques centaines de dollars.

Entre l’effondrement économique et l’ire des joueurs, les éditeurs ont finalement bien reculé. En septembre dernier, Ubisoft annonçait ainsi même en retrait son projet “Ubisoft Quartz” de NFT. Entre-temps, d’autres géants comme Minecraft ont assuré que les NFT n’auraient jamais leur place sur leur jeu — en les taclant au passage. Même chose du côté de Valve qui a refusé les jeux basés sur la blockchain sur leur plateforme Steam.

En France, on pourrait aussi parler des différentes annonces de projets NFT des équipes e-sport comme Karmine Corp. Annoncés il y a un an, sous le feu des critiques, les projets semblent n’avoir jamais perduré ou même vu le jour.

La conclusion de 2022 pour l’industrie vidéoludique a pu se voir aux Game Awards. Si on sait que la cérémonie de Geoff Keighley est propice à de nombreuses annonces d’innovations et promotions en tout genre (de Doritos à Logitech en passant par Samsung), aucun projet basé sur la blockchain n’a été annoncé.

En bref, les gamers ont râlé, le marché s’est effondré et on va pouvoir tranquillement continuer de se ruiner en payants nos skins pas uniques. Et sah quel plaisir.