Deezer et moi, on est devenus comme deux vieux amants un peu fatigués. On se connaît bien, un peu trop même, mais on a du mal à connecter. J’ai beau effleurer de mes doigts l’application chaque jour, la passion semble nous avoir définitivement quittés. C’est triste, les ruptures.
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Alors, l’envie m’est venue d’essayer Spotify, grand patron du streaming musical dans le monde avec près de 160 millions d’abonnés premium. Après trois ans et sept mois avec un abonnement payant sur Deezer, Spotify a-t-il quelque chose de plus à m’apporter ?
Voici mon retour d’utilisateur accro de streaming musical.
L’appel de l’algorithme
Qu’est-ce qui a bien pu me pousser à rompre un mariage qui promettait encore de longues années de vie commune ? Une maîtresse un peu plus aventurière, évidemment. J’ai accumulé sur Deezer un total de 778 albums favoris, 374 artistes, ajouté 680 chansons à mes coups de cœur et créé une quinzaine de playlists comprenant, au total, environ 1 000 titres. J’utilise Deezer chaque jour et durant plusieurs heures.
Pourtant, Deezer n’est toujours pas capable de me proposer des titres recommandations adéquates. Concrètement, à ce niveau-là, tout ou presque se passe depuis “Flow” : une sélection de musique que l’on aime déjà accompagnée de titres à découvrir, sélectionnés sur-mesure. En parallèle, Deezer propose des sélections musicales quotidiennes par genre. Ce jour, j’ai par exemple une sélection techno et une sélection de musique de jeux vidéo, entre autres.
Dans le fond, Spotify propose une expérience similaire. Pas de “Flow”, mais la playlist “Découvertes de la semaine” et un “Daily” mêlant musique et séquences d’infos. Mais ce qui distingue véritablement Spotify, ce sont les “Radios” : celles des chansons ou des artistes. Elles m’offrent un contenu sur-mesure infini et calibré sur le genre de musique que je veux écouter à l’instant précis.
Cela se vérifie en particulier sur les titres qu’on pourrait qualifier d’alternatifs. J’écoute pas mal de rock japonais – ne jugez pas. En plus de trois ans sur Deezer, l’application ne m’a jamais proposé de sélection musicale quotidienne dédiée à ce style de musique, ou plus largement au Japon, alors que des titres en japonais se retrouvent régulièrement dans mon top mensuel.
Dans mon “Flow”, seuls les titres japonais ajoutés à mes coups de cœur ou albums sont régulièrement joués. Tandis qu’en trois semaines d’utilisation de Spotify, j’ai découvert cinq artistes et des dizaines de titres dans la langue de Shigeru Miyamoto.
Il y a une raison probable à cela : Spotify est beaucoup plus international. Prenons un exemple : la chanteuse japonaise Suzuki Mamiko, découverte après une semaine seulement d’utilisation de Spotify. Avec ses 114 000 abonnés sur Insta, on peut dire qu’elle a une petite notoriété sans être une superstar.
Mais son ratio de notoriété entre les deux plateformes est saisissant : elle a seulement 12 fans sur Deezer, tandis qu’elle cumule plus de 166 000 écoutes sur Spotify (qui ne montre pas le nombre d’abonnés à un artiste).
166 000 écoutes, ce n’est pas énorme du tout, mais c’est assez pour que l’application la mette en avant pour des auditeurs qui pourraient aimer sa musique. Est-ce que l’algorithme de Deezer a tendance à l’enterrer à cause de son faible nombre de fans ? C’est toute la question.
C’est un peu le même problème sur “Flow” : la fonctionnalité marche généralement bien et je l’utilise assez régulièrement. Mais elle se borne à me renvoyer aux mêmes titres, limitant les découvertes ou alors se contentant souvent de titres très mainstream.
Difficile de prouver qu’un algo de recommandation est mieux qu’un autre. Dans un article exhaustif comparant l’ensemble des plateformes musicales (prix, quantité de titres, qualité audio, etc.), nos confrères de Frandroid considèrent que celles-ci jouent “à armes égales” en termes de suggestions. Mon expérience prouve le contraire, mais c’est peut-être parce que j’aime bien aller voir ailleurs.
Bonus : comment transférer son contenu d’un service à un autre
Divorcer et se remarier, c’est compliqué. Mais transférer sa musique d’un service à l’autre, c’est encore plus galère : les applications ne le proposent pas de manière native. Normal, elles veulent vous garder dans leur giron.
Il existe toutefois différents services permettant d’importer sa musique. Après plusieurs tentatives, c’est TuneMyMusic qui m’a permis de faire passer à la fois mes albums, mes titres likés, artistes et albums favoris de Deezer à Spotify simplement. Le service est par ailleurs entièrement gratuit.
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