Le Letton Raimonds Tomsons, ressortissant d’une ex-république soviétique balte qui ne produit pas de vins, a remporté, à Paris, le concours international du meilleur sommelier au monde, symbole des profils variés dans ce métier qui passionne bien au-delà des régions viticoles. Autre représentante du nord de l’Europe, la Danoise Nina Jensen est devenue la vice-championne pour la deuxième édition consécutive de cette compétition triennale. Le Chinois Reeze Choi a fini troisième.
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“Je ne peux pas y croire”, “je suis extrêmement heureux”, a déclaré Raimonds Tomsons sur la scène de la finale, qui s’est déroulée en public dans le stade couvert de La Défense Arena, aux portes de Paris. Au présentateur qui lui demandait, sur le ton de la plaisanterie, s’il y avait des vignes dans son pays dont il a confondu le nom avec la Lituanie, le pays balte voisin, Raimonds Tomsons a répondu : “Profitons plutôt des bières lettones”.
Moins artistique et détendu, mais plus précis, il a battu Nina Jensen qui a impressionné les spectateurs par son assurance, dans les commentaires en ligne sur le concours, diffusé en direct. Interrogée par l’AFP au cours de la demi-finale vendredi, Raimonds Tomsons avait déclaré que ne pas grandir dans la culture du vin était “un avantage”. “Nous n’avons pas d’histoire et nos esprits sont plus libres”, a-t-il souligné. “En Amérique latine ou dans des pays ‘classiques’ comme l’Espagne et le Portugal, ils ont plus de mal à s’ouvrir aux vins du monde, parce qu’ils sont très fiers de leurs vins”, a-t-il ajouté.
La candidate française Pascaline Lepeltier est arrivée quatrième et n’a pas été qualifiée pour la finale. “En France, nous sommes des enfants gâtés. Les nouveaux pays qui découvrent le vin ont une telle soif d’apprendre, de partager, ils ont cet enthousiasme incroyable et ils vont très vite“, avait-elle confié à l’AFP après la demi-finale.
Atelier “hipster”
Les épreuves de la finale étaient toutes pensées autour du vin : les identifier à l’aveugle, associer une pierre à un vin, des vins à des plats, trouver les erreurs dans une liste de prix ou deviner la bouteille à partir d’une série d’images… Mais pour y arriver, il a fallu passer par des ateliers plus “hipster” en demi-finale : identifier cinq boissons non alcoolisées venant du monde entier et imaginer un menu végan pour les accompagner. Les bonnes réponses n’ont été dévoilées qu’après la finale et tous, y compris des jurés, ont reconnu qu’il s’agissait d’une mission presque impossible.
“Je suis très content de ne pas avoir eu à faire ça”, a déclaré le Suédois Andreas Larsson, meilleur sommelier du monde en 2007 et membre du jury de cette édition. Dans un autre atelier de la demi-finale, les candidats devaient composer d’anciens cocktails, Aviation et Sazerac, avec des ingrédients délibérément manquants (comme la crème de violette) auxquels ils devaient trouver des alternatives.
Pour Philippe Faure-Brac, président de l’Union de la sommellerie française et gagnant du concours du meilleur sommelier du monde 1992, avoir des compétences “dans toutes les boissons” du monde est désormais indispensable. Par rapport à la première édition du concours en 1969, les consommateurs ont “beaucoup plus d’informations qu’avant” et les profils de sommeliers “qui peuvent voyager et se former à différents endroits” se diversifient, a-t-il dit à l’AFP avant le concours.
Quant aux “nolo”, ces boissons sans alcool ou avec peu d’alcool, très populaires dans les pays anglo-saxons et scandinaves et qui gagnent du terrain en France, “on ne peut pas lutter contre l’évolution des choses et abandonner en chemin les gens qui veulent profiter différemment”, a-t-il conclu.