Cette fois-ci, c’est fini pour Serena. L’une des athlètes les plus iconiques du sport a refermé un chapitre important de son histoire personnelle et de celle de sa discipline, vendredi soir, à l’occasion de ce qu’elle avait annoncé comme étant le dernier tournoi de sa carrière professionnelle. Une carrière entamée en 1995 alors qu’elle n’avait que 15 ans. Entre-temps et jusqu’à cette ultime rencontre, perdue contre Ajla Tomljalovic au 3e tour de l’US Open, Serena Williams s’est construite comme une sportive inspirante – à défaut d’être toujours exemplaire –, suscitant les vocations et battant les records les uns après les autres.
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Palmarès éloquent, records à la pelle
Parce qu’elle est d’abord l’une des sportives les plus accomplies de son époque, difficile de ne pas commencer par cette farandole de chiffres évocateurs : 75 tournois remportés en simple, 30 titres majeurs (dont 23 tournois du Grand Chelem), une médaille d’or olympique, 186 semaines d’affilée passées à la première place mondiale (319 au total)… L’Américaine s’est imposée comme une machine de compétition et de longévité. Pour preuve, l’actuelle numéro une au classement mondial, la Polonaise Iga Swiatek, n’était même pas née lorsque Serena Williams remportait son premier tournoi majeur, en 1999.
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Alors il y a bien eu quelques frustrations à gérer, principalement cette quête vaine du 24e Grand Chelem qui l’aurait assise à la table de Margaret Court, seule joueuse de l’Histoire à encore la devancer. Ce n’est pourtant pas faute de s’être entêtée : depuis sa dernière victoire, à l’Open d’Australie en 2017, Serena a disputé quatre finales en Majeur, toutes perdues. Quatre revers d’affilée en finale de Grand Chelem, cinq saisons sans en remporter un seul, ça ne lui était encore jamais arrivé. Comme si le destin avait décidé de se montrer intraitable au moment de lui refuser cet ultime accomplissement. Voilà peut-être une des raisons qui expliquent pourquoi, en 2018, elle n’avait pas su gérer sa frustration lors de la finale perdue contre Naomi Osaka. Finale durant laquelle elle s’en était violemment prise à l’arbitre de chaise, Carlos Ramos, avec une attitude qui avait laissé paraître sa face sombre.
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Championne et maman
En dépit de cette dernière frustration, la force de caractère de l’Américaine l’aura constamment guidée dans la gestion de sa carrière, sur et en dehors du court. Plusieurs fois, elle a dû faire preuve de perspicacité, et même au-delà. Comme lorsqu’elle est hospitalisée puis opérée d’urgence en mars 2011, à la suite d’une embolie pulmonaire, avant de revenir. Serena Williams, c’est aussi celle qui a (un temps) choisi de faire passer sa vie de femme avant sa vie de championne. Là encore, la naissance de sa fille en 2017 se déroule dans de mauvaises conditions, avec une césarienne, une nouvelle embolie pulmonaire, quatre interventions chirurgicales et six semaines à l’hôpital. “Il y a un an, je me battais pour ma vie”, rappelait-elle dans un entretien à l’AFP en marge de sa finale à l’US Open en 2018. Aujourd’hui, la petite Olympia, cinq ans, est la première supportrice de sa maman sur le bord du court.
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“Quand vous devenez mère, votre corps change”, nous avait confié Arantxa Sanchez (trois fois victorieuse à Roland-Garros) lors d’une rencontre en 2018 à Roland-Garros, alors que Serena Williams y disputait son premier Grand Chelem depuis son retour de grossesse. “C’est très difficile de revenir. Je crois qu’hormis Kim Clijsters, personne n’a réussi à gagner un Grand Chelem après une grossesse [la Belge, devenue mère en 2008, avait remporté l’US Open en 2009, un mois après son retour, ndlr]. C’est incroyable d’avoir l’énergie et la force pour réaliser cela”.
Cible des conservateurs
Son parcours, celui d’une sportive à succès, businesswoman, femme, noire de surcroît, a régulièrement exposé Serena Williams durant sa carrière. En 2017, elle n’avait pas hésité à recadrer John Mc Enroe lorsque celui-ci avait déclaré qu’elle “serait aux alentours de la 700e place mondiale si elle jouait sur le circuit masculin”. Quelques mois plus tard, son compatriote Tennys Sandgren avait quant à lui légendé d’un “dégoûtant” une caricature de la joueuse qui circulait sur les réseaux sociaux. Auparavant, c’est l’ancien champion et capitaine de la Roumanie, Ilie Nastase, qui s’était permis quelques libertés au moment de commenter la grossesse de la championne américaine. “On va voir de quelle couleur il est. Chocolat au lait ?”, avait-il lâché au sujet du futur bébé, lors d’une conférence de presse d’avant-match de Fed Cup, en avril 2017.
On pourrait bien évoquer, aussi, cette polémique suscitée par la tenue “Black Panther”, une combinaison intégrale arborée par la joueuse à Roland-Garros en 2018, quelques mois après son accouchement. “Je vous rappelle que ma tenue a une fonction de santé”, s’était alors justifiée Serena Williams face aux commentaires peu sentis qu’elle avait pu susciter, notamment ceux émis par le président de la FFF, Bernard Giudicelli.
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Méprisée par les uns, admirée par les autres, la personnalité de Serena Williams laisse donc peu de place à l’indifférence. Dernièrement, c’est la Première ministre, Élisabeth Borne, invitée chez Quotidien, qui l’a citée comme une de ses inspirations. Un exemple supplémentaire, s’il en fallait un, de l’impact et de l’aura de la championne et de l’héritage qu’elle s’apprête à laisser, bien au-delà du court.