Je ne suis pas né à Lens, mais c’est tout comme. J’y suis arrivé tout bébé, j’y ai grandi, j’y vis encore maintenant. Je connais cette ville comme ma poche, j’y ai mes habitudes et mes amis. Ma famille y est installée depuis des générations.
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Ma grande passion, c’est le foot. Alors, on pourrait s’attendre à ce que je sois un supporter du RC Lens, comme je suis Lensois, logique. Alors que pas du tout ! Mon amour pour le LOSC [club de football lillois, ndlr] a commencé grâce à mon oncle, lorsqu’il m’a proposé d’aller voir un match LOSC – OM. C’était au stade Pierre-Mauroy de Lille. Une grande première pour moi.
J’étais impressionné par le monde qu’il y avait, l’ambiance de dingue, autant du côté des Lillois que des Marseillais. C’était beau à voir. Cerise sur le gâteau, le LOSC s’est imposé 2 à 0 contre l’OM. Je ne vous dis pas la fête de ouf qu’on a faite après le match ! Bon, pour les Marseillais, ça n’était pas trop la joie. L’équipe a terminé sixième du classement, alors que Lille a gagné le championnat cette année-là. J’ai su, lors de ce match, que j’allais soutenir à fond cette équipe.
Derby du Nord : chacun son équipe !
Ce qui me plaît le plus, ce sont les fameux derbys du Nord. Vous savez, ces matches qui opposent Lens contre Lille, ennemis jurés depuis des décennies. C’est lors d’un de ces matches que j’ai annoncé à mon père que j’étais un Dogue [nom des supporters du LOSC, ndlr]. Vous auriez vu sa tête. Il était à deux doigts de pleurer, il avait les larmes aux yeux et me disait : “Tu peux pas me faire ça, mon fils !”
Il aurait préféré que je lui dise que j’étais exclu du collège, ça aurait été moins grave ! On a suivi le match à la maison, faute d’avoir trouvé des places disponibles au stade Pierre-Mauroy. Et pas de chance pour mon père, Lille a battu le RC Lens 4 à 0. Une sacrée soirée ! Je me suis amusé à narguer mon père, qui le prenait moyennement bien.
Depuis, à chaque derby, on a notre petit rituel. Quand on se rend au stade Bollaert-Delelis, le mythique stade lensois, pour suivre le match, mon père rejoint ses amis dans la tribune des supporters du RC Lens. Je suis obligé d’admettre que les Lensois mettent une ambiance de feu : ils chantent tous en chœur les paroles de Les corons, un classique. Ils retirent leurs maillots, même en hiver quand les températures sont très basses. Pour eux, ce qui compte, c’est la fête et la rigolade. Qu’ils perdent ou qu’ils gagnent, ils ont toujours l’air heureux. Ils sont fous, ces Lensois ! Quant à moi, je suis le match depuis les tribunes adverses avec mon oncle.
Cette passion qui nous rapproche
Quand on regarde les matches à la maison, mon père s’installe sur le côté droit du canapé, maillot sang et or sur le dos. Moi, je suis du côté gauche, portant fièrement mon maillot du LOSC. À chaque fois, il y a une ambiance de folie. On crie de joie ou de colère, selon le score de notre équipe, on se taquine, on s’énerve aussi, très souvent !
À la fin, on accepte la victoire de l’autre et sa propre défaite. On ne peut pas toujours gagner. Là où on est tous les deux gagnants, c’est que cette passion du foot nous a rapprochés, même si on ne porte pas les mêmes couleurs.
Bastien, 14 ans, collégien, Lens
Ce témoignage provient des ateliers d’écriture menés par la ZEP (la zone d’expression prioritaire), un média d’accompagnement à l’expression des jeunes de 15 à 25 ans, qui témoignent de leur quotidien comme de toute l’actualité qui les concerne.