Ce vendredi 2 avril 2021 se tenait la deuxième Convention nationale de prévention contre les violences au sein du sport. Plus d’un an après la mise en place d’une plateforme de recueil pour les témoignages des victimes, le ministère des Sports a dévoilé les premiers chiffres édifiants. Si, en février 2020, la patineuse Sarah Abitbol initiait le début du mouvement #MeToo dans le sport en accusant son ancien entraîneur de viol dans un livre, les langues ont depuis continué à se délier. Résultat, mi-février dernier, la plateforme d’écoute comptait près de 387 signalements impliquant 421 personnes.
Parmi ces 421 personnes mises en cause, 96 % sont des hommes. Qui plus est, selon les enquêtes administratives, il s’est avéré que dans ces 421 personnes, 245 étaient éducateurs professionnels ou bénévoles. Il a aussi été déterminé que 83 % des victimes sont des femmes, et que, selon le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti, 63 % des cas concernaient des mineurs de moins de 15 ans.
Par ailleurs, Fabienne Bourdais, déléguée ministérielle chargée des violences sexuelles dans le sport, a précisé que ces agressions concernaient près “48 fédérations sportives”. Un constat glaçant, sur lequel la ministre chargée des Sports Roxana Maracineanu s’est également exprimée, en insistant sur l’importance de se réunir, de continuer à libérer la parole pour faire en sorte d’évincer la violence du milieu sportif.
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Pour une parole libérée et entendue
Si la tendance est à la libération de la parole, il est encore difficile pour les victimes d’aller au bout de leur témoignage, par peur de ne pas être prises au sérieux, de mettre en péril leur carrière ou tout simplement par impossibilité de raconter les violences subies.
C’est notamment ce qu’a expliqué Aude Cristau – présidente de la Cour d’Assises du Loiret – en affirmant que dire la vérité était synonyme de rupture avec le milieu sportif : “J’ai eu une petite cavalière qui m’a dit : j’ai préféré subir plutôt que de rompre mon parcours de compétition.”
Pourtant, et Roxana Maracineanu l’explique, si dans certains cas particuliers la vérité peine à être dévoilée, il est nécessaire d’aider les victimes avec bienveillance à effectuer cette démarche. Il est également primordial de ne pas fermer les yeux et de pointer du doigt les véritables coupables. “Dénoncer les violences dans le sport, c’est affirmer haut et fort que nous sommes dignes des familles qui nous confient leurs enfants. Nous sommes déterminés à éradiquer ces comportements déviants des clubs.”
Les mesures mises en place
L’une des premières actions menées par la ministre Roxana Maracineanu a été de signer des conventions avec des associations de recueil de la parole de l’enfant. En effet, ces structures conventionnées permettent aux victimes d’avoir un accompagnement personnalisé. De fait, les fédérations sportives sont alors aiguillées vers des interlocuteurs adéquats.
Parmi ces structures conventionnées, on retrouve l’association Les Papillons. Son président, Laurent Boyer, s’est d’ailleurs exprimé sur France Inter à ce sujet, en expliquant que près de 224 clubs l’avaient contacté pour signer une convention avec l’association, notamment des fédérations de natation et de judo. Un chiffre qui donne de l’espoir, puisqu’il signifie que la prise de conscience est générale et que la parole de la victime est de plus en plus légitimée.
Avec AFP.