Billboard a classé (objectivement) les meilleurs rappeurs de l’Histoire, voici ce qu’on en pense et ce qu’on aurait changé

Billboard a classé (objectivement) les meilleurs rappeurs de l’Histoire, voici ce qu’on en pense et ce qu’on aurait changé

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Par Aurélien Chapuis

Publié le , modifié le

Billboard vient de dévoiler son top 50 des rappeurs les plus importants de l’Histoire. On vous dit ce qu’on en pense dans notre édito.

Chaque semaine, Aurélien Chapuis, alias Le Captain Nemo, revient sur l’actualité du rap avec ses coups de cœur, ses découvertes et les enjeux du moment dans son édito. Retrouvez-les tous dans la rubrique Opinions.

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Quand un nouveau classement un peu statutaire sort, il y a toujours du bruit autour. C’est le jeu et c’est toujours passionnant. Cette fois-ci, il s’agit de Billboard et Vibe qui sortent leur top des meilleurs rappeurs et rappeuses de tous les temps. Bon déjà, de tous les temps, avec cet anniversaire des 50 ans du hip-hop, c’est très compliqué à mesurer. Mais les choix sont intéressants sur plusieurs points.

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Jay-Z devant Kendrick Lamar et Nas

Le premier de la liste est donc Jay-Z et j’en suis ravi. Nas arrive quelques places plus bas et, dans la guerre qui les a opposés il y a maintenant plus de 20 ans, j’ai toujours trouvé que Jay-Z avait quelques longueurs d’avance, pas forcément en tant que rappeur pur, mais pour l’impact culturel et musical qu’il a eu sur le rap. Extension du Biggie de Bad Boy mélangé aux icônes de Brooklyn comme Big Daddy Kane, Jay-Z a su prendre le virage mainstream que Nas et le rap du Queensbridge repoussaient par petites touches.

Jay-Z a été en avance sur le côté global du rap américain, collaborant rapidement avec les rappeurs de la Nouvelle-Orléans (Juvenile) ou du Texas (UGK sur “Big Pimpin”). Il a compris rapidement la largeur possible avec le rap, tout en gardant des racines très profondes dans les bas-fonds de New York. Nas avait plus de mal dans le choix de ses productions et l’orientation de ses albums, même s’il reste peut-être encore plus puissant en écriture pure.

Si on inspecte le reste du top 10, assez fou de voir Kendrick en deuxième position alors que sa carrière mainstream dépasse juste la dizaine d’années. Ça montre l’impact énorme que sa musique et son image ont eu en si peu de temps, car peu de rappeurs de sa génération se retrouvent dans le top 50. C’est aussi intéressant de voir Eminem uniquement en cinquième position alors qu’il est souvent dans le top 3. Et c’est toujours assez fou de voir l’impact des légendes Tupac et Biggie, 25 ans après leur décès, alors que leurs carrières ont finalement été assez courtes. Lil Wayne et Drake prennent des places intéressantes pour des raisons différentes. En vrai, Lil Wayne pourrait (devrait ?) être dans le top 5, vu son impact sur le rap des années 2000 et 2010. Drake ou Nicki Minaj ne seraient pas dans ce top 10 sans lui. Snoop ferme la marche alors qu’il pourrait largement monter selon moi. En vrai, si je prends les mêmes et que je refais mon propre classement, ça donnerait sûrement ça :

#1. Jay Z

#2. Lil Wayne

#3. Nas

#4. Eminem

#5. Snoop Dogg

#6. Kendrick Lamar

#7. The Notorious B.I.G.

#8. Tupac

#9. Drake

#10. Nicki Minaj

Et si on jugeait la suite du classement ?

Dans les autres belles places de ce top 50, je suis surtout impressionné des places de Scarface (16, c’est beau), Missy Elliott (elle méritait le top 10 ? Oui !), Q-Tip (trop souvent oublié), Gucci Mane (toujours oublié alors que c’est le père de beaucoup), E-40, Redman ou encore Bun B. C’est aussi excellent de voir mes stars Ghostface et Jadakiss. C’est aussi superbe de voir Queen Latifah, Lil Kim ou MC Lyte pour leurs apports énormes au rap et à leurs albums intemporels.

Au niveau des petites surcotages, on peut noter : Method Man (devant Redman alors qu’il n’a même pas un bon album ? Et zapper Raekwon ? NON), Dr.Dre (je l’adore, mais bon, ce n’est pas le rappeur du siècle), Mos Def (arrêtez un peu, je l’adore mais il n’a fait aucun album potable depuis un siècle), Lauryn Hill (bon, un album classique où ça rappe à 50 %, ça suffit ?).

Voilà, c’est toujours dur de faire des tops. Il y a toujours des prises de position, mais c’est toujours intéressant. J’espère pouvoir en faire des aussi ambitieux chez Konbini très bientôt.

Le 5 majeur de la semaine

Zola & Tiakola – Toute la journée

Très content de cette collaboration que je note un peu comme une suite du “Kinshasa” que j’avais adoré sur le premier album. Le clip est parfait avec l’image de la chute totalement assumée. Le retour de Zola est vraiment un sans-faute pour le moment.

Ice Spice – In Ha Mood

OK, c’est bon, j’adore Ice Spice. Je trouve qu’elle a vraiment un délire de nonchalance et de dérision très new-yorkais qui me parle à fond. Ce morceau est en boucle avec son petit refrain jersey club, voilà.

RR, Lacrim et Niro – Bastos

J’aime vraiment trop ce morceau, je l’avais mis dans un précédent édito, mais là, avec le clip, autre dimension. J’ai eu la chance de recroiser Niro pour une interview récemment et je réitère : top 5 des rappeurs français vivants. Avec Lacrim et RR, c’est un sans-faute.

Popstar Benny & Moh Baretta – Feelbadcorps

Je découvre la nouvelle scène d’Atlanta, entre hyperpop bizarre, plug et drill club. Morceau hyper-court avec un sample de Gorillaz ? Oui, oui, je signe direct. L’album de Popstar Benny est très intéressant, je recommande.

Trippie Redd & Lil B – Swag Like Ohio Pt. 2

J’aime le boulot de Cole Bennett et cette alliance Trippie Redd-Lil B me parle à fond, ça part dans tous les sens visuellement comme niveau sonique.

Ligne nostalgique

Je réécoute beaucoup le Chronic de Dr.Dre depuis qu’il est revenu sur les plateformes de streaming. Même si je l’ai poncé quand j’étais ado, la réécoute est toujours un nouveau voyage. Ça m’a fait repenser à l’incroyable “extended club mix” qu’on pouvait trouver sur le maxi.

Vraiment, ces cuivres, ce moment magique a cappella, le couplet de Daz, les voix du parrain Georges Clinton et ce solo de guitare infini, on est sur un des morceaux les plus importants du rap. Ça dure 11 minutes et tout est à sa place, indispensable. Impossible de se dire que ça a plus de 30 ans.

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