Voilà pourquoi le Grinch vaut (tellement) mieux que cette ordure de “Papa Noël”

Voilà pourquoi le Grinch vaut (tellement) mieux que cette ordure de “Papa Noël”

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Par Antonin Gratien

Publié le

Oh ! oh ! oh ! Dans tes dents, Santa Claus.

Tic, tac. Noël approche à vitesse grand V, et on en connaît un qui va l’avoir mauvaise : le Grinch. Sorte de croque-mitaine à poils longs né sous la plume du Dr Seuss, dans un livre pour enfants parut en 1957, Le Grincheux qui voulait gâcher Noël.

Dans ce récit adapté en 2000 avec, dans le rôle-titre, un Jim Carrey encore plus grimaçant qu’à l’accoutumée, puis en 2018, sous la forme d’un film d’animation, le Grinch, excédé par l’engouement populaire autour de ce vil sabbat de surconsommation qu’est Noël, sabote la bamboche.

Ce qui lui vaut, globalement, le mépris général. Là on le traite de casse-ambiance, ici de rabat-joie. D’aucuns le pousse carrément à passer sa vie reclus, loin de tous. Histoire qu’eux puissent profiter pépouze des cadeaux, guirlandes et tutti quanti. En somme, le Grinch suscite la haine. Et pourtant. À bien y regarder, ce rouspéteur olympique pourrait bien être un chic type – voire un mec en or. Au point de surclasser LA vedette de la teuf, aka Santa Claus ? Et pourquoi pas. Après tout, comparativement à ce gros fake de Papa Noël…

1. … le Grinch est l’as de la farce

Dans une vie parallèle, notre Grinchou aurait pu être une star internationale de stand-up. Ou une vedette de Youtube. Ou les deux à la fois. Pour la simple bonne raison que c’est un vanneur hors pair, et que nul ne lui arrive à la cheville question gags – surtout pas Santa.

Le Grinch met sens dessus-dessous la poste de Chouville, rase le maire en pleine réunion publique, se déguise en son ennemi juré (Santa, donc) pour chourer des cadeaux. Un peu taquines comme blagues, on est d’accord. Mais il y a au moins la trace d’un vrai sens de l’humour. Père Noël, lui, se contente de rire à gorge déployée en se tapant le bide lorsqu’un gosse lui explique ce qu’il veut comme cadeaux – et puis c’est tout. No fun.

2. … le Grinch est plus M. Bricolo’ que n’importe quel M. Bricolo’

Il n’y a qu’à visiter la grotte dans laquelle il crèche pour s’en convaincre. Sur place, tout n’est que bidouillage artisanal né d’un patient travail de récup’, du côté des dépotoirs environnants. Car oui, notre Grinch n’est pas de ceux qui s’amollissent dans leur confort ouaté. Son truc à lui, c’est la marginalité crasseuse. Celles des ordures, du recyclage, de la débrouille. Un mode de vie façon système D qu’il a appris à la dure étant enfant – et fait de lui un vrai Newton du bricolage. Traîneau volant, aspirateur titanesque… Rien n’est trop complexe à confectionner pour les doigts experts du Grinch.

On ne peut guère en dire autant de Santa. En chef d’usine oppresseur bien comme il faut, Môssieur ne met jamais la main à la pâte – oh que non, trop précieux pour ça. À son armada de lutins d’assembler, emballer puis regrouper tous les cadeaux sur la liste. De son côté, Santa observe l’effort d’un œil contenté, les doigts de pieds en éventail, en attendant de récolter tous les honneurs. Écœurant. Et on ne vous parle même pas de l’impact carbone des ateliers…

3. … le Grinch est un martyr de la différence sociale

Si Santa Claus a toujours été chéri de tous, le Grinch, lui, a dû se battre pour être accepté par sa communauté. Marmot déjà, chacun s’étonne de sa différence. Oui, contrairement à 99,99 % des Chous, il n’aime pas Noël. Mais est-ce un mal ? Une tare ? Un vice ? Non, non et non. Très vite, le voilà marginalisé. Cible des quolibets, victime de moqueries, le Grinch est un jour humilié par tous ses camarades à cause de son physique velu. Un coup bas dont il portera longtemps, très longtemps, l’infamant stigmate.

Pour échapper à ce déluge de railleries, le Grinch n’a d’autre choix que de se condamner à l’exil. Un destin tragique dont il réorientera la funeste trajectoire en prouvant définitivement aux habitants de Chouville que la différence ne fait pas le monstre. Et toc.

4. … le Grinch a tout compris à l’esprit de Noël, lui

Rappelons les faits. Le plus grognon de tous les croque-mitaines de la pop culture ne déteste pas Noël par plaisir. Il a ses raisons. Témoin de la fièvre marchande quasi démentielle de Chouville autour de la fête, le Grinch a rapidement vu Noël pour ce qu’il était : l’expression la plus pure d’un consumérisme crasse dont Santa, en tant que livreur star de présents n’est, au fond, que le vil suppôt.

C’est donc à très juste titre que le Grinch entreprend de ruiner Noël en subtilisant tous les cadeaux de Chouville. L’objectif est-il d’embêter ses pairs ? Bien sûr, mais pas que. Avec ce larcin XXL, notre misanthrope entend délivrer un message clair : l’esprit de Noël est moins affaire de cadeaux pharaoniques que de tolérance. De tendresse, d’affection et – osons le mot –, d’amour.

Alors vous l’aurez compris, il est grand temps que ça bouge. Marre de voir un grand-père aussi fainéant qu’intéressé régner sans partage sur Noël. Place à l’amusement, aux cadeaux recyclés, à la noblesse de cœur – place au Grinch. Et c’est tout.