L’actrice fer de lance du mouvement #MeToo en France s’en tient à ses principes. En 2019, elle prenait la parole pour briser l’omerta autour des violences faites aux femmes dans le milieu du cinéma français et révélait, avec le soutien d’une longue et solide enquête de Mediapart, avoir été victime de harcèlement et d’attouchements sexuels de la part du réalisateur Christophe Ruggia.
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L’actrice a ensuite choisi de se mettre en retrait jusqu’à la cérémonie des Césars 2020, où elle avait quitté la salle en signe de protestation lorsque Roman Polanski, accusé de viols et d’agressions sexuelles depuis de nombreuses années, avait été sacré meilleur réalisateur pour J’accuse. Depuis, Adèle Haenel n’a plus de projet au cinéma, hormis quelques apparitions dans des documentaires, et a choisi de s’orienter vers les planches.
Elle est actuellement à l’affiche de L’Étang, une pièce de Gisèle Vienne, pour une expérience intense et radicale en duo. Aux côtés de Ruth Vega Fernandez, la muse de Céline Sciamma porte l’histoire d’un garçon qui se sent mal aimé par sa mère et qui va simuler un suicide pour confirmer l’amour maternel.
De passage en Italie pour les besoins de la promotion, Adèle Haenel s’est entretenue avec la revue il manifesto qui l’a interrogée sur ses futurs choix de carrière. Exaspérée par le sexisme qui gangrène l’industrie cinématographique, l’actrice annonce en avoir fini avec le cinéma, avant de nuancer sa pensée. Elle explique avoir décidé de se consacrer au théâtre, aux films de jeunes cinéastes et au cinéma de son amie Céline Sciamma, qui l’a révélée en 2007 dans La Naissance des pieuvres. Plus qu’un choix de carrière, un choix de vie :
“Je ne travaillerai plus avec des réalisateurs établis mais seulement avec de nouveaux artistes qui débutent. La seule avec qui je pourrais travailler est Céline Sciamma car notre relation va au-delà du travail, mais cela devra être dans un autre système économique.”
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L’actrice, qui a tourné sous les caméras de Bertrand Bonello, des frères Dardenne ou de Robin Campillo, va donc s’extraire de l’industrie du cinéma pour se mettre au service d’une vision plus féminine et singulière :
“Il ne s’agit pas de choisir en fonction du sujet, du thème. Il s’agit de redéfinir la réalité, de remettre en question notre perception comme le fait Gisèle [Vienne]. La forme et le sens coïncident […] Il existe beaucoup d’artistes qui veulent faire des films d’une autre manière, dans une autre économie, avec un autre type de représentation, avec d’autres corps. Je pourrais faire partie de ce cinéma, si cela arrive.”
Si aucun tournage n’est pour le moment à l’ordre du jour pour l’actrice, tout n’est pas fini entre Adèle Haenel et le 7e art.