Le tandem endiable le rythme afropunk et dénonce, avec cet hymne engagée, la marginalisation.
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D’abord embarquée dans le garage rock de Jaguar (qu’elle décrit comme “voodoo’n’roll”), la chanteuse Faty Sy Savanet souhaite finalement retrouver dans sa musique les sons de Kinshasa et l’ambiance des rues animées de son enfance. Après sa rencontre décisive avec le producteur et musicien Nicolas Dacunha en 2015, elle s’émancipe et allie son énergie à la sienne pour former Tshegue – en hommage aux enfants des rues un peu rebelles de la capitale congolaise.
Le duo de la banlieue parisienne fait sensation à l’édition 2017 du festival We Love Green, où il enflamme les foules au rythme épileptique de ses percussions, avant de délivrer dans la foulée son premier EP, Survivor. Un an plus tard, Tshegue illustre aujourd’hui l’extrait “Muanapoto”, hymne vibrant sur le silence et l’isolation.
Tournée dans l’ambiance urbaine d’Abidjan, en Côte d’Ivoire, la vidéo au style brut suit une jeune fille sourde et muette dans un monde qui refuse de l’entendre. D’abord impuissante face à son mutisme, elle finit par s’en libérer en trouvant, à travers la danse, le moyen d’exprimer avec son corps ce qu’elle ne peut dire avec des mots. En écho à une problématique terriblement actuelle – celle de la marginalisation des migrants –, le single s’inscrit dans le mouvement contestataire d’une politique migratoire qui détourne le regard :
“Le titre “Muanapoto” donne la parole aux immigrants africains en Europe, qui à leur arrivée se voient obligés d’affronter l’inconnu, entourés de nouvelles cultures et langues, d’une nourriture et de climats différents, et dont l’ensemble entraîne en définitive un sentiment d’aliénation”, explique le collectif argentin Pantera, à la réalisation.
Mélange de chant tribal, de percussions et de basses électro, “Muanapoto” porte un afropunk qui conquiert progressivement le cœur de la scène française.
Tshegue sera au festival Solidays, le 24 juin prochain. Son EP Survivor est déjà disponible.