Vous êtes sûrement déjà tombés sur la vidéo de Millésime K et son freestyle sur la rentrée. Dans son texte, l’autoproclamé rappeur reprend les fantasmes de l’extrême droite en tapant, entre autres, sur l’éducation sexuelle et les cours d’Histoire qui accusent la France de racisme.
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Si ce freestyle a pris de l’ampleur, c’est parce qu’utiliser le rap pour faire passer ces idéologies réactionnaires, c’est quand même pour le moins surprenant. Progressiste de par sa nature, le rap est pourtant devenu un moyen de communication pour toutes les politiques, avec une vraie récupération des droites les plus dures. Et Millésime K est loin d’être un phénomène isolé.
Kroc Blanc est l’une des figures du rap identitaire d’extrême droite. Dans son projet Instinct sorti en 2017, on retrouve des titres tels que “Nazi” ou encore “Daesh”. Dans son morceau “Lettre à Kery James”, Kroc Blanc tient ouvertement des propos anti-islam tels que : “À mesure que les mosquées poussent, le petit coq voit grandir le danger”.
Dans une interview accordée à Aloha News, le rappeur dit être le “seul rappeur français”, car “les autres, c’est de la merde”. Il dénonce également un certain “privilège marron” en avançant que les personnes blanches sont les vraies victimes du système.
Dans le même courant, Kaotik 747 est quant à lui un rappeur pro-police qui se dit “patriote”. Pourtant, la critique de l’institution policière est une constante dans l’histoire du rap, de NWA aux États-Unis en 1988 avec “Fuck Tha Police” à 13 Block en France en 2019 avec “Fuck le 17”.
Depuis 1982 et le titre “The Message” de Grandmaster Flash & The Furious Five, le rap a le plus souvent été un moyen pour les voix marginalisées et oppressées de faire entendre leurs revendications. De son côté, Kaotik 747 choisit d’utiliser le rap pour faire passer un message opposé, qui défend les institutions policières. Ces courants de rap orienté à droite ou à l’extrême droite posent alors une problématique de compatibilité avec la culture rap et ses valeurs. On peut vraiment parler de récupération et d’un retournement total du message.
Si les rappeurs d’extrême droite sont encore une niche, Millésime K comptabilise des millions de vues sur TikTok et des millions de streams sur Spotify. Ce qui veut aussi dire que son public n’est pas présent uniquement pour le divertissement d’une vidéo supposée drôle, mais aussi pour le message que sa musique véhicule, sans image. Se pose alors la question : peut-on sérieusement être rappeur et d’extrême droite ?