En avril dernier, Shay revenait avec son clip “DA” après trois ans de silence radio.
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Mais voilà, si ce retour était très attendu, on peut dire qu’il n’a pas eu l’écho escompté. L’accueil du public francophone a été très mitigé et malheureusement, ce qu’on retient surtout, ce sont des tweets durs à encaisser, des TikTok parodiques, beaucoup de slut-shaming, et finalement, un assez faible écho dans la sphère médiatique.
Pourtant, la rappeuse belge n’a pas manqué de créativité dans son grand come-back. Musicalement, elle a pris le risque de frapper là où on ne l’attendait pas, et dans son clip, on retrouve des références très marquées. On reconnaît les clins d’œil au film Le Cinquième Élément de Luc Besson et on salue l’aspect futuriste qui fait beaucoup penser à Janet Jackson dans “Scream” ou encore aux TLC dans “No Scrubs”.
Un retour pour le moins créatif. Mais tout ce qu’auront retenu certains twittos, c’est qu’elle est peu vêtue et qu’elle parle d’oseille et de twerk. Des thématiques qui semblent poser moins de problèmes lorsqu’elles sont abordées par des rappeurs masculins. Dans l’épisode 5 de La Conf’, nos confrères du Bondy Blog se demandent si, finalement, on ne serait pas plus exigeants avec les rappeuses qu’avec les rappeurs ? Et on se le demande aussi.
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Il aura fallu attendre sept mois pour que “DA” de Shay soit finalement repris par le Twitter US avec comme mention : “The French girls are DOING IT” (“les Françaises sont en train de tout tuer”). Shay est belge mais bon, on connaît les Américains et la géographie, donc on ne va rien dire. C’est très frappant de constater que l’accueil des Américains est quand même diamétralement opposé à celui du public francophone. On mentionne les références aux clips, on salue la musicalité et on en demande même plus. Des discussions qu’on n’a pas, ou peu, pris le temps d’avoir chez nous. Pour reprendre le tweet de Roxy : est-ce qu’il n’y a “que les Français pour ne pas se rendre compte que Shay est visionnaire” ?
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Suite à ce mini-buzz outre-Atlantique, Booska-P a même dédié un post Instagram où ils informent que “Shay est très appréciée aux États-Unis”. Là encore, il suffit de passer un peu de temps dans les commentaires pour comprendre qu’il y a bien deux salles deux ambiances :
“Les ricains s’intéressent à elle pour son physique, moins pour sa musique”
“C’est son Q qui fait trembler Twitter plutôt”
“Bien sûr que les Américains aiment les bad bitches dénudées ???♂️”
Des commentaires assez simplistes et réducteurs qui poussent à se demander si le public francophone n’est finalement pas prêt à accueillir une “jolie garce” qui s’assume ? Shay, si on ne s’arrête pas seulement à son imaginaire de rappeuse sexy, c’est tout de même deux beaux projets, Antidote et Jolie Garce, qui ont eu un impact considérable dans le paysage du rap francophone.
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Aux États-Unis, la misogynie est loin d’avoir disparu de l’industrie musicale, et il y a encore pas mal de boulot. Mais le terrain pour les “bad bitches” a été déblayé depuis déjà plusieurs décennies. Dans une interview datant de 1999 pour MTV, les icônes Aaliyah, Da Brat, Missy Elliott et Lil’ Kim se réunissaient pour discuter de la place des femmes dans l’industrie de la musique. Déjà à l’époque, elles revendiquaient le retournement de stigmate autour du terme “bitch” (“salope”, en français).
Lil’ Kim disait alors : “Bitch, pour moi, est un terme suprême. Quand les gens utilisent ce mot, la plupart du temps, c’est parce qu’ils ne parviennent pas à trouver un terme plus puissant que celui-là.” Missy Elliott rétorquait : “Les gens nous voient comme des bitches seulement quand ils sont intimidés.” Et Aaliyah ajoutait : “Quand un homme a confiance en lui, il est perçu comme quelqu’un de ‘fort’, mais quand c’est une femme, c’est une bitch.” Depuis, on a pu voir naître une nouvelle génération de rappeuses qui a pu bénéficier de cet héritage : Nicki Minaj dans premier temps et puis, plus récemment, Megan Thee Stallion, Cardi B ou encore Doja Cat.
Dans la francophonie, on a finalement très peu de références de rappeuses mainstream décomplexées dans leur sexualité et peut-être que Shay se prend les cailloux que ses collègues américaines se prenaient il y a trente ans.