Complètement stupides, mais terriblement attachants : les Minions se sont taillé, en une décennie, une place parmi les personnages les plus rentables de l’animation. Retour sur une success-story franco-américaine, avant la sortie du nouvel opus. Les Minions 2 : Il était une fois Gru sort vendredi aux États-Unis, en Angleterre et en Chine, et le 6 juillet en France, avec deux ans de retard, pandémie oblige. Une sortie attendue par des millions de fans : la franchise, depuis le premier volet, Moi, moche et méchant (2010), a rapporté 3,7 milliards de dollars au box-office, selon le site spécialisé IMDB, sans compter les multiples dérivés, en faisant l’une des plus rentables de l’histoire.
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Scénario réduit au minimum, succession frénétique de gags parfois au ras des pâquerettes… “L’essentiel dans ces films, c’est juste d’être stupide et de s’amuser”, assume gaiement auprès de l’AFP le réalisateur américain du dernier film, Kyle Balda. Sales gosses en forme de gélule, au corps jaune habillé d’une salopette, les Minions n’étaient à l’origine que des personnages secondaires, mais ont volé la vedette à Gru, l’anti-héros de Moi, moche et méchant. Dès 2015, ils sont au cœur d’un premier spin-off, Les Minions.
Pari risqué, faire tenir un film entier sur des personnages s’exprimant dans un mélange inventé et sans queue ni tête de langues latines et asiatiques. Mais gagné : un milliard de dollars de recettes au box-office. “Bien sûr, ils parlent. Mais personne ne comprend ce qu’ils disent !” s’amuse Kyle Balda, qui aime s’inspirer de classiques comme Charlie Chaplin ou Jacques Tati : faire rire “sans dépendre des dialogues”, pour un réalisateur d’animation, c’est comme “l’ascension de l’Everest”, relève-t-il. Dans l’esprit, burlesque et anarchique, le succès des Minions “peut être comparé à celui des Lapins crétins” dans le jeu vidéo, attachants et stupides eux aussi, signale Gersende Bollut, auteur d’ouvrages sur l’animation qui collabore à la revue spécialisée Animascope.
“Flower power”
Le nouvel opus ne change pas une formule qui a fait ses preuves, au risque de la répétition. Le film remonte aux débuts de Gru, ce méchant raté : entouré d’une armée de Minions, l’ado espère intégrer un groupe de super-vilains, les Vicious 6. Un projet qui va immanquablement dérailler. Seul le décor change, une plongée dans le San Francisco du “flower power” des années 1970, avec une initiation aux arts martiaux (clin d’œil à l’esprit Shaolin Soccer) et reprise de tubes, dont une version Minions des Stones (“You Can’t Always Get What You Want”).
Universal, qui détient avec Les Minions l’une des rares marques susceptibles de faire face aux autres géants de l’animation, a attendu à cause de la pandémie deux ans pour sortir ce nouvel opus d’une saga toujours produite des deux côtés de l’Atlantique. Si le Français Pierre Coffin, papa des Minions et probablement seul être humain à maîtriser leur langue, n’est plus co-réalisateur, il veille encore de près sur sa création, et enregistre toujours toutes les voix des Minions.
C’est dans les bureaux parisiens des studios tricolores Mac Guff que prennent vie les Minions, à l’image soignée mais quelque peu standardisée. Côté Hollywood, ils sont produits par l’Américain Christopher Meledandri, à la tête du studio Illumination. Bien moins connu du grand public que Pixar et DreamWorks, ce dernier “a toujours voulu concurrencer” ces studios qui ont révolutionné l’animation, analyse Gersende Bollut.
Au box-office, “Illumination y est parvenu”, avec, outre Les Minions, les succès de Comme des bêtes et Tous en scène, mais sans obtenir le même prestige ni la même reconnaissance, poursuit-il. Le studio fera rapidement reparler de lui : les équipes d’Illumination travaillent sur la version cinéma d’animation du légendaire jeu vidéo Super Mario Bros., attendue en 2023. Quant aux Minions, “je ne crois pas que ce soit fini. Il y a clairement un avenir pour ces personnages”, tranche Kyle Balda.
Konbini avec AFP