Kaléidoscope de représentations individuelles, la série Sheffield Goths souligne la richesse d’une contre-culture incomprise.
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Énigmatique et déconcertant, le courant gothique a longtemps été associé (à tort) à une connotation aussi sombre que sa couleur caractéristique. Ses représentants, souvent souffre-douleur des cours de récréation car jugés étranges, ont très tôt été familiers à la marginalisation, imposée par une majorité insensible à l’unicité.
Las de cette généralisation injuste, le photographe britannique Dean Davies s’est attelé à explorer une sous-culture et un style vestimentaire qu’il “a toujours admirés, sans jamais les adopter personnellement”. En capturant la richesse du gothisme dans sa série Sheffield Goths, il offre ainsi une jolie revanche à ses adeptes souvent incompris.
Pour ce projet à quatre mains, Dean Davies et la directrice artistique Helen McGuckin ont parcouru les rues industrielles de la ville de Sheffield (au nord de l’Angleterre), foyer d’expressions diverses, dans l’idée de conter l’évolution de la culture gothique et de la définir au présent :
“La mode évolue constamment et ainsi, n’est plus aussi claire qu’il y a vingt ou trente ans. C’est pourquoi il était important pour nous de montrer comment les vêtements − associés à des sous-cultures variées − peuvent être adoptés par différents groupes de personnes aujourd’hui”, explique le photographe.
Pendant trois jours, les artistes ont tiré le portrait d’une vingtaine de personnes aux profils atypiques. Sur fond de décor urbain, les racines classiques du gothisme (datant du XIXe siècle) embrassent ses influences post-punk détonantes. Le résultat ? Un portfolio à l’allure brute qui, par le stylisme, brouille les pistes entre le documentaire et la photo de mode.
“La majorité des sujets ont été photographiés avec leurs propres vêtements, simplement agrémentés d’accessoires ajoutés sur place afin de mettre encore plus en valeur leur personnalité. Mais il est également arrivé qu’Helen choisisse les tenues dans leur intégralité, afin de maintenir la cohérence de la série”, précise Davies.
De tout âge et de tout horizon (étudiants, acteurs, artistes, musiciens…), les personnalités qui défilent devant l’objectif de Dean Davies envoient valser le classicisme. Véritable kaléidoscope de représentations du mouvement gothique contemporain, cette série-hommage individualise une contre-culture incomprise dans sa généralité, et réaffirme avec force l’intemporalité d’un mouvement qui se réinvente sans cesse.