Le pouvoir, c’est le point commun à chacune des femmes immortalisées par Katarzyna Majak. Pour son projet Women of Power, la photographe polonaise a traversé son pays natal pour aller à la rencontre des sorcières des temps modernes.
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Guérisseuses, enchanteresses, druides ou encore chuchoteuses, toutes se consacrent à une spiritualité et à ses pratiques. En perpétuant des rites ancestraux, ces femmes ont aussi emprunté un chemin marginal, dans une Pologne où le christianisme “a effacé presque toutes les traces du paganisme, de la sorcellerie et des traditions chamaniques”, conte l’autrice du projet.
Joanna gère des cercles et cérémonies pour femmes. (© Katarzyna Majak/Courtesy of Porter Advisory)
Une spiritualité qui leur est propre
Au total, Women of Power dévoile les visages de 29 femmes. 29, comme le nombre de jours du calendrier lunaire. Issues de générations et d’horizons différents, elles ont été photographiées avec un objet propre à leurs rituels : un coquillage, des plantes, une pipe, une mèche de cheveux…
En filigrane de ces images, on retrouve des caractères forts et indépendants, qui ont su se construire hors des circuits traditionnels. À l’instar de Bea, qui est présentée comme sorcière, herboriste et soigneuse spirituelle. Installée dans les montagnes, “près d’un nid de corbeaux”, Béa “écoute la forêt, médite, pratique le chamanisme et lit les cartes”, raconte la photographe.
Elwinga, la druide. (© Katarzyna Majak/Courtesy of Porter Advisory)
À l’origine de cette série de portraits, on retrouve Katarzyna Majak, qui est thérapeute en “Yoni mapping“, enseigne les pratiques taoïstes et se forme en sexologie corporelle. La thérapeute détient également un doctorat en arts visuels, une deuxième casquette qui lui a permis de se lancer dans le projet, dont l’idée a commencé à germer après que son mariage a été annulé.
“Il me restait la robe de mariée et j’ai commencé à chercher des femmes qui pourraient m’aider à créer des rituels pour surmonter l’événement. En travaillant sur un rituel de feu, j’ai rencontré la première héroïne du projet, Tanna.” Après un rituel d’adieu réalisé avec Tanna, Katarzyna se lance à la recherche d’autres femmes dont les croyances sortent “du courant dominant et des religions monothéistes”.
“Une sorcière n’a pas besoin d’avoir d’approche politique forte”
Kasia, guérisseuse. (© Katarzyna Majak/Courtesy of Porter Advisory)
Nouvelle figure du féminisme brillamment décryptée par Mona Chollet dans Sorcières : La Puissance invaincue des femmes, la sorcière représente le pouvoir, le mystère, l’indépendance. Pourtant, aucune des enchanteresses photographiées ne se serait déclarée féministe, raconte Katarzyna, qui affirme qu’“une sorcière n’a pas besoin d’avoir d’approche politique forte”.
“Elles se concentraient juste sur leur développement et sur la valorisation d’autres femmes. Le féminisme est assez mal compris et traité de façon péjorative en Pologne, donc montrer qui vous êtes fonctionne mieux que des étiquettes.”
Bea, celle qui écoute la forêt. (© Katarzyna Majak/Courtesy of Porter Advisory)
Si la série Women of Power était initialement destinée à devenir un livre enrichi de plusieurs entretiens, le projet éditorial est aujourd’hui en suspens. “J’ai consacré à ce projet quelques années d’amour, j’y ai investi beaucoup d’énergie et de temps. J’ai refait les interviews, mais pour pouvoir terminer, il me faudrait environ un an de plus à me concentrer sur le livre et l’édition.”
En attendant, il reste possible d’en apprendre plus sur les pratiques de Maria, Justyna, Natalia et des autres héroïnes de la série sur le site du projet.
Kasia, celle qui est. (© Katarzyna Majak/Courtesy of Porter Advisory)
Paraskiewa, la chuchoteuse. (© Katarzyna Majak/Courtesy of Porter Advisory)
Natalia, artiste. (© Katarzyna Majak/Courtesy of Porter Advisory)