Sorti au début du mois d’août, le film Bullet Train de David Leitch est un régal d’action et d’humour absurde, très influencé par le cinéma asiatique, version Hong Kong à la Jackie Chan ou plus japonais à la Takashi Miike. On pense aussi parfois au montage hypercut de Guy Ritchie époque Snatch.
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Les acteurs s’y amusent à fond, Brad Pitt en tête, les scènes d’action sont au niveau de la franchise John Wick, que David Leitch supervisait, et les caméos entre Bad Bunny et Sandra Bullock sont un véritable régal.
Et la petite touche qui change tout : toute l’action se passe dans un train à grande vitesse qui relie Tokyo à Kyoto. Une nuit entière de chausse-trappes, de rebondissements et de débordements en tous genres qui donnent envie de voir plus de films à bord d’un train. Ça tombe bien, voici nos dix films préférés qui se passent dans des trains.
Unstoppable (2010)
Grand film méconnu et très sous-estimé du regretté Tony Scott. Le pitch est simple, Denzel Washington joue un conducteur de train proche de la retraite, un peu bourru, qui doit prendre sous son aile un Chris Pine arriviste et branleur. Les deux vont se retrouver dans une course contre la montre avec un train destructeur qui refuse de s’arrêter. Voilà, c’est tout.
Mais la science épileptique de l’action à la Tony Scott sublime cette histoire simple qui aurait juste pu être un téléfilm catastrophe de l’après-midi sur M6. Là, rien de tout ça, la description très fine de tous les organismes qui travaillent sur l’aiguillage et la gestion du trafic des trains rendent le tout très précis et engageant. Et un train filmé à grande vitesse dans un virage extrême, c’est très, très beau.
Transamerica Express (1976)
Là, on est sur un bijou inclassable. À la fois comédie d’action, thriller parodique et drame romantique, ce film d’Arthur Hiller (Love Story, The In-Laws) passe par toutes les émotions. L’excellent Gene Wilder joue un jeune éditeur qui prend le train Transamerica Express de Chicago à Los Angeles.
À bord, il va tomber amoureux, puis être témoin du meurtre du patron de son crush, avant d’être accusé d’un autre meurtre qu’il n’a pas commis. Après être descendu puis remonté dans le train par un autre biais, il essaye de sortir son crush de la mouise avec un acolyte de choix : Richard Pryor, voleur caustique et créatif. Tout est fun dans ce film (à part une scène problématique qu’on pourrait totalement couper en 2022), jusqu’au final explosif.
Le Train (1964)
John Frankenheimer rend hommage aux cheminots et à la résistance française à la fin de la guerre. Un officier nazi passionné d’art veut piquer les plus belles œuvres de musée parisien pour les emmener à Berlin. Burt Lancaster va tout faire pour l’en empêcher.
La réalisation est hors norme, muette, violente. Le stratagème est puissant. Le final est incroyable. La folie des hommes et de la guerre est déclinée en quelques touches subtiles mais horrifiantes. Un des derniers grands films en noir et blanc. Indispensable.
Dernier train pour Busan (2016)
Ce film coréen très actuel est une fuite en avant pendant une grande pandémie zombie. À la manière de Bullet Train, les protagonistes prennent un train à grande vitesse qui va de Séoul à Busan, sur la côte.
Problème : au départ du train, ils se rendent compte qu’une contamination fulgurante de zombies envahit tout le pays, en commençant par Séoul. Dans le train, certains sont déjà contaminés. Le film entier est une question de survie, de choix draconiens et de sang. Beaucoup de sang. C’est flippant, très bien filmé et gore. La Corée comme on aime.
L’Énigme du Chicago Express (1952)
Retour dans les années 1950 pour ce classique du film noir réalisé par la légende Richard Fleischer (Les Vikings, Le Voyage fantastique). On est de nouveau dans l’express Chicago – Los Angeles, mais vingt ans avant le film avec Gene Wilder et Richard Pryor.
Deux détectives sont censés protéger la veuve d’un énorme gangster que beaucoup d’autres bandits essaient d’assassiner pendant le voyage. Premier problème : un des deux détectives se fait tuer dès le début du film. Et deuxième problème : personne ne sait à quoi ressemble la veuve. Magnifique film noir repris en 1990 par Peter Hyams avec Gene Hackman et Anne Archer. L’intrigue reste très bien ficelée, pleine de suspense et de gueules cassées.
Un autre film noir années 1950 aurait pu terminer dans cette liste, le célèbre L’Inconnu du Nord-Express d’Alfred Hitchcock mais finalement la partie dans le train est assez courte, c’est presque plus un film de tennis. Hitchcock plaçait très souvent des scènes de train dans ses films, celles dans Une femme disparait ou surtout dans La Mort aux trousses sont inoubliables. Film noir + train = grosse win.
Le Train (1973)
Un autre film qui s’appelle Le Train, qui se passe en France et à la même période : la guerre de 1939-1945. Ils ne se sont pas foulés. Mais là, rien à voir, c’est un film français, et nous ne sommes pas à la fin mais au début de la guerre. Julien Maroyeur, joué par Jean-Louis Trintignant, vit avec femme et enfant dans le nord-est de la France. Il apprend que les Allemands arrivent.
Il décide de fuir par le dernier train, il est séparé de sa femme et de son enfant dès le départ, et il rencontre Anna Küpfer, une juive allemande jouée par Romy Schneider, qui fuit elle aussi. Ils vont faire tout le voyage en train ensemble, jusqu’à la zone libre. Le reste est tout en finesse, avec très peu de mots, beaucoup de regards, d’interrogations. Et des moments suspendus, presque de joie, mis face à de la violence pure et implacable. Un film dont on ne sort pas indemne.
Runaway Train (1985)
Autre film de train qui ne s’arrête jamais. Deux prisonniers s’échappent d’un établissement de haute sécurité en Alaska. Ils se glissent dans un train sous la neige et le froid. Voyant le conducteur mourir d’une crise cardiaque, ils essaient tant bien que mal de stopper ce train lancé à pleine vitesse. Paysages incroyables, action sans fin et un Jon Voight parfait, ce film est un petit joyau caché des années 1980. Certaines scènes glacées font penser au Snowpiercer, autre train mythique qui aurait pu figurer dans cette liste avec sa très belle adaptation de Bong Joon-ho en 2013.
Galaxy Express 999 (1979)
Petite tricherie pour celui-ci vu qu’il s’agit d’un film d’animation réalisé par le grand Rintarō et que le train est en fait un vaisseau spatial qui se balade entre les planètes. Oups. On est dans le même monde qu’Albator et on suit Tetsurō qui vient de perdre sa mère assassinée par le comte Mécanique. Il est alors invité par l’intrigante Maetel à quitter la Terre pour rejoindre la planète La Métal à bord du Galaxy Express 999.
Mélange de western onirique et guerre spatiale mythologique, ce grand manga dessiné par Leiji Matsumoto est un peu à part dans le monde d’Albator, une quête presque philosophique où chaque arrêt du train offre son lot de réflexions sur l’humanité. Toujours très actuel.
L’Empereur du Nord (1973)
Pendant la grande dépression des années 1930, des vagabonds parcourent les États-Unis à la recherche de travail ou de nourriture. Ils prennent très souvent le train en fraude, sautant dans un wagon de marchandise à l’arrache.
Ce film parle de l’excès de zèle d’un conducteur de train hyper violent, incarné par le toujours excellent Ernest Borgnine, qui refuse les vagabonds dans son convoi. S’ensuit une grande course-poursuite avec quelques-uns des plus revanchards, dont le personnage de Lee Marvin en tête. Réalisé par Robert Aldrich (Vera Cruz, Les Douze Salopards), le film est comme toute l’œuvre du réalisateur, sans concession, abrupte et visionnaire. À ne pas mettre entre toutes les mains.
Le Crime de l’Orient-Express (1974)
LE classique de film de train tiré du classique de roman policier de train. Quand Agatha Christie rencontre Sidney Lumet, tout est académique et grivois à la fois. Albert Finney est un Hercule Poirot d’exception, l’enquête est un prétexte pour une galerie de personnages excentriques et géniaux. Le remake de Kenneth Branagh était un peu moins bien, tout en restant très agréable. Et l’Orient-Express, quel incroyable train !