Un musée de l’histoire des féminismes est en projet à Angers, où une bibliothèque universitaire abrite déjà un fonds d’archives du féminisme, a-t-on appris auprès de l’association porteuse de cette initiative. “Sur les 3 000 musées français, aucun n’était encore dédié à l’histoire de l’émancipation féminine”, a confié à l’AFP Julie Verlaine, professeure d’histoire contemporaine à l’université de Tours et coprésidente de l’Association de préfiguration du musée des féminismes (Afémuse).
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Ce musée angevin aurait vocation à présenter l’histoire de la lutte pour l’émancipation des femmes dans des champs variés : droits, politique, arts, littérature… Il sera officiellement annoncé le 8 mars à l’université d’Angers dans le cadre du “Mois du genre”, puis le 13 mars à Paris, à la Cité audacieuse.
“Les recherches sur l’histoire des femmes sont en plein développement mais nous souhaitons qu’elles sortent du seul monde académique”, a ajouté Julie Verlaine. “Cinq ans après #MeToo, il y a une incompréhension des jeunes générations sur l’absence d’un lieu dédié à cette histoire”, a-t-elle estimé, évoquant le “succès” de l’exposition “Parisiennes Citoyennes !” au musée Carnavalet à Paris, qui s’est achevée le 29 janvier 2023.
Ce musée devrait éclore dans le cadre de la rénovation planifiée de la bibliothèque universitaire Belle-Beille, à Angers, bâtiment de 10 000 mètres carrés qui abrite depuis 2001 le Centre des archives du féminisme. Ce fonds documentaire rassemble des documents, revues, affiches et objets relatant les luttes pour les droits des femmes. Il a été constitué par Christine Bard, professeure d’histoire contemporaine à l’université d’Angers et coprésidente de l’Afémuse.
Si la fin des travaux de la bibliothèque est prévue pour 2027, l’Afémuse prévoit d’organiser chaque année, dès 2024, des expositions temporaires préfigurant le futur musée. Une campagne de financement participatif a également été lancée pour acquérir un tableau du peintre Léon Fauret représentant l’avocate Maria Vérone prenant la parole dans une réunion féministe en 1910.
“Il est longtemps resté dans l’oubli et illustre vraiment bien les combats de la première vague féministe au début du XXe siècle pour obtenir le droit de vote”, selon Mme Verlaine. L’Université d’Angers fait déjà vivre depuis 2004 un musée virtuel sur l’histoire des femmes appelé Muséa et a lancé de nombreuses recherches en lien avec le genre.