La période d’abstinence d’un an que doivent actuellement respecter les homosexuels pour pouvoir donner leur sang en France sera réduite à 4 mois à partir du 1er février 2020, a annoncé mercredi le ministère de la Santé.
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Il s’agit, d’une “évolution” et “d’une première étape” vers un alignement des conditions du don pour les homosexuels sur celles des hétérosexuels, envisagé “à l’horizon 2022”. Un alignement qui, par respect pour la sécurité des receveurs, ne pourra intervenir qu’après une évaluation des risques faite “en toute transparence”, assure le ministère.
L’abstinence d’un an instituée en 2016, par arrêté, avait suscité les critiques d’associations homosexuelles qui y voyaient une discrimination à leur égard. Avant 2016, et depuis 1983, en raison des risques du sida, l’exclusion des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) était totale.
Depuis juillet 2016 également, les homosexuels peuvent donner leur plasma selon les mêmes critères que les autres donneurs. Ce plasma utilisé en cas d’hémorragie sert aussi à fabriquer des médicaments : des immunoglobulines, des facteurs de coagulation et d’autres produits pour les grands brûlés et des malades en réanimation.
La décision de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, de réduire de 12 à 4 mois le délai permettant de donner son sang après la dernière relation sexuelle entre hommes, s’inscrit dans le cas de l’évaluation régulière des critères de sélections des donneurs et “s’appuie sur des éléments scientifiques, objectifs et indépendants”.
Le calcul du risque
Les études de l’agence sanitaire Santé publique France avaient montré que l’ouverture du don du sang aux homosexuels en juillet 2016 n’avait pas augmenté le risque résiduel de transmission du virus du sida déjà “très faible” en France.
En outre, une étude, baptisée Complidon, auprès de 110 000 donneurs montrait que les critères d’accès au don du sang étaient en grande majorité respectés mais qu’il arrivait qu’ils ne le soient pas dans de rares situations, faute d’être compris ou acceptés, note-t-on au ministère.
Deux propositions d’évolution par rapport aux critères de 2016 étaient sur la table : soit l’ouverture aux hommes n’ayant pas eu de relations sexuelles avec des hommes dans les quatre derniers mois avant le don, soit l’ouverture à ceux n’ayant eu qu’un seul partenaire dans les quatre derniers mois avant le don.
L’analyse des risques réalisée par l’agence sanitaire a montré que “le premier scénario avec quatre mois d’abstinence n’entraînait pas de modification du risque, contrairement au second avec lequel le risque de contamination théorique était multiplié par deux”, relève-t-on dans l’entourage de la ministre.
L’ensemble des données et analyses de risque sur ces deux propositions ont été partagées avec des représentants des donneurs, des receveurs, des associations comme Aides et d’homodonneurs. La ministre a pris sa décision en tenant compte des travaux et de l’expression de ces derniers, selon le ministère.
Konbini avec l’AFP