Au centre pour mineurs, on nous donne de l’argent de poche. Comme j’ai 15 ans, on me donne 29 euros par mois. Ce n’est pas beaucoup ! C’est pour les moins de 16 ans. Les autres ont 40 euros.
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La directrice du centre nous donne de l’argent chaque mois. Ce n’est pas pour manger, parce qu’il y a la cantine et un repas le soir. C’est pour les autres dépenses qu’on peut avoir, comme les vêtements, le téléphone. Ils nous donnent l’argent en cash, dans une enveloppe. On doit signer un papier pour dire qu’on l’a bien reçu. La distribution de l’argent de poche, c’est le premier mardi du mois. À chaque fois, il y a beaucoup de monde qui attend, mais ça va vite.
J’économise chaque mois 20 euros et j’en utilise 9. Avec ces 9 euros, j’achète du crédit. C’est important pour moi pour aller sur Internet et appeler ma famille et mes amis restés au pays. Les économies que je fais, c’est pour m’acheter des habits. Je gère mon budget, j’essaie d’économiser l’argent qu’on me donne, de le garder jusqu’à la fin du mois. Je trouve que c’est normal qu’on ait aussi peu d’argent parce qu’on est mineurs et, pour le moment, on n’est pas français.
De l’argent de poche pour m’acheter des vêtements
Avec 29 euros, je n’ai pas assez pour acheter des trucs pour moi, comme des habits, chaussures et casquettes. J’aimerais aussi pouvoir acheter de la viande et en manger mais, comme on me donne déjà de la nourriture, je laisse tomber. Je pense qu’il faudrait augmenter l’argent qu’on nous donne. 29 euros, ça ne me suffit pas pour acheter les trucs dont j’ai besoin. Je pense qu’il faudrait 50 euros pour ceux qui ont 15 ans et, pour les plus vieux, 80 euros par mois. 50 euros, ça serait suffisant pour ma situation actuelle.
Avec mes économies, j’achète mes vêtements à Marcadet – Poissonniers [dans le 18e arrondissement de Paris, ndlr], parce que c’est là-bas que les habits ne sont pas chers, et ils sont très jolis. Si j’avais plus d’argent, j’achèterais plus de choses. Pour moi, les vêtements, c’est important. J’aime beaucoup les marques comme Puma, Adidas, et Gucci. Je me sens bien quand j’ai de beaux habits.
Gagner mon propre argent
Au pays, j’aimais déjà beaucoup les habits, mais bon, là-bas il fait chaud, donc je ne m’habillais pas pareil. Ici, il fait trop froid et, pour la première fois, j’ai eu un manteau. Là-bas, ma mère me donnait de l’argent, elle travaillait en tant que femme de ménage. Elle travaillait tous les jours et ne se plaignait jamais. J’ai un frère et une sœur, ma mère leur donnait aussi de l’argent de poche.
Aujourd’hui, j’aimerais gagner mon propre argent. J’aimerais faire de la plomberie ou être électricien. Si c’est possible, j’aimerais créer une entreprise de plomberie et de carrelage en France. Ça me permettrait aussi de pouvoir envoyer de l’argent à ma famille pour les aider. En ce moment, ce n’est pas possible.
Alias, 15 ans, en formation, Paris
Ce témoignage provient des ateliers d’écriture menés par la ZEP (la zone d’expression prioritaire), un média d’accompagnement à l’expression des jeunes de 15 à 25 ans, qui témoignent de leur quotidien comme de toute l’actualité qui les concerne.