Accidents de chasse, chasse à courre, prix du permis de chasse… Comment se positionnent les deux vainqueurs du premier tour de l’élection présidentielle vis-à-vis de cette pratique débattue ? Si leurs programmes ne sont pas très développés à ce sujet, c’est dans leurs prises de parole qu’il faudra principalement rechercher des indices sur ce qu’ils pourraient mettre en place une fois au pouvoir.
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Marine Le Pen “n’est pas un dictateur”
La candidate du Rassemblement national précise pour sa part dans son programme que ses mesures “n’ont pas pour finalité l’interdiction de la chasse”. Il prévoit la création d’un “nouveau statut civil des animaux”, qui “impliquera une révision générale des réglementations sectorielles destinées à garantir le bien-être animal, afin de limiter au strict minimum nécessaire l’infliction de souffrances”. Celle-ci, précise-t-elle, “sera menée en concertation étroite” avec plusieurs secteurs, dont les associations de chasseurs.
En outre, dans le cadre de sa volonté de renforcer les peines sanctionnant les infractions commises envers les animaux, elle souhaite créer des sanctions d’interdiction d’exercer certaines activités et cite par exemple la chasse.
Si la candidate s’est déjà prononcée plutôt en défaveur de la chasse à courre, elle n’est néanmoins pas du tout un soutien de son interdiction. Lors d’une interview accordée à Chassons TV en mars dernier, cette dernière a déclaré ne pas avoir “le goût de la chasse à courre”, avant d’ajouter : “Cette poursuite et la mort de l’animal, ce n’est pas mon goût, mais comme je ne suis pas un dictateur, je n’ai pas vocation à interdire tout ce qui me déplaît.” Et de compléter :
“Je sais très bien que c’est une chasse ancestrale mais je n’envisage pas de la prohiber, elle a ses adeptes, ses usages, c’est une tradition française, elle ne nuit pas à la conservation des espèces sauvages mais la vénerie est aussi victime de certains de ses propres abus.”
Interrogée sur les accidents de chasse, elle a alors indiqué fin février sur Franceinfo qu’elle considérait la chasse comme une “tradition ancestrale” qui doit être “maintenue” et “protégée”. En revanche, elle a déclaré qu’elle voulait qu’il y ait un débat concernant “le partage des forêts domaniales”. Et d’ajouter :
“Enfin, si vous empêchez les chasseurs de chasser le week-end, ils ne pourront pas chasser parce qu’ils travaillent, donc il faut réussir à trouver le moyen pour que les promeneurs et les chasseurs puissent, en toute sécurité, profiter de notre domaine extraordinaire.”
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Emmanuel Macron, “le Picard”
Dans le programme du président candidat à sa réélection Emmanuel Macron, pas un mot ne figure au sujet de la chasse. Le 30 mars dernier, le président de la Fédération nationale des chasseurs Willy Schraen a annoncé qu’il voterait en faveur d’Emmanuel Macron.
Même s’il a indiqué dans une publication Facebook qu’il s’agissait d’un “choix personnel”, il a toutefois justifié son vote en expliquant que sa “logique” était “celle de se positionner dans chaque élection pour la personne qui coche le plus de cases pour notre avenir [comprendre ‘celui des chasseurs’, ndlr]”, arguant :
“Ce choix, je le fais uniquement dans l’intérêt de la chasse, et soyez sûr qu’à titre personnel, je n’ai rien à y gagner hormis l’incompréhension de certains d’entre nous. J’ai une fois de plus fait passer la chasse avant tout le reste.”
À noter également qu’en termes de bien-être animal, le quinquennat du chef d’État s’achève avec un bilan très en demi-teinte. En ce qui concerne strictement la chasse, on se souvient notamment de la baisse du permis de chasse, qui a entraîné une hausse du nombre de demandes de ce même permis.
Et si la chasse à glu, une pratique régulièrement pointée du doigt par les associations de protection animale pour sa cruauté, a toutefois été interdite durant son mandat, c’est parce qu’il fallait que la France se mette “en conformité avec le droit européen”.
“Je ne dirais pas que la chasse est une barbarie”, a aussi déclaré Emmanuel Macron dans une récente interview accordée à Brut, avant d’assurer que certaines chasses n’étaient “plus acceptables”, puis de défendre les chasseurs “qui très souvent vivent plus dans la nature que toutes celles et ceux qui leur donnent des leçons”.
Enfin, début avril, Emmanuel Macron a adressé un courrier aux chasseurs français dans lequel il donne une idée de ce qui pourrait arriver en cas de réélection. Dans ce dernier, il écrit que la chasse française est une “activité populaire dont le développement doit être soutenu”. Il déclare : “Le Picard que je suis sait la place particulière de la chasse dans nos campagnes. Vous êtes motivés par cette passion qui vous conduit à être des acteurs à part entière de la protection de la nature.”
Puis ajoute : “Sur les chasses traditionnelles, ma position n’a pas varié depuis 2017. […] Pour moi, ces chasses font partie du patrimoine et de l’histoire de nos territoires.” Enfin, au sujet des accidents de chasse, qui font des morts chaque année, il écrit : “Il n’a jamais été question d’envisager l’interdiction de la chasse les week-ends et les jours fériés, car la chasse reste une activité populaire.”