C’est la fin : Microsoft, Sony et Nintendo n’iront pas à l’E3

C’est la fin : Microsoft, Sony et Nintendo n’iront pas à l’E3

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Par Pierre Bazin

Publié le

L’absence des trois grands constructeurs de jeux vidéo à ce qui fut l’un des plus grands salons vidéoludiques marque la fin d’une époque.

C’est une grande secousse, bien qu’attendue, dans l’industrie du jeu vidéo : les trois grands constructeurs de jeux Nintendo (Switch), Microsoft (Xbox) et Sony (PlayStation) ne seront pas présents à l’E3 2023, selon un récent rapport d’IGN.

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Depuis sa première édition en 1995 et jusqu’il y a quelques années, l’Electronic Entertainment Expo, ou E3, était au fil des années devenu le rendez-vous incontournable du jeu vidéo. Organisé par l’Entertainment Software Association (ESA), il s’agissait avant tout d’un salon professionnel qui s’est ensuite ouvert au public en 2017. L’E3 était pendant longtemps un rendez-vous estival immanquable pour découvrir les nouveautés vidéoludiques à venir dans les prochaines années. Présentations inédites de consoles, shows pour annoncer le développement d’un jeu très attendu ou présence de stars pour accompagner la sortie d’un titre, l’E3 ne se manquait jamais pour tout fan de jeu vidéo – sur Game One ou Twitch.

Mais après une édition record en 2018, Sony décide de planter le premier coup de couteau et annonce ne pas participer à l’E3 2019. De manière générale, les éditeurs et constructeurs prennent du recul avec l’événement physique à Los Angeles, lui préférant leurs propres conférences dédiées dans l’année, comme Electronic Arts qui avait arrêté de participer au salon en 2016 pour proposer à la place l’EA Play – juste avant le début de l’E3, néanmoins. De son côté, Nintendo était déjà passé en 2013 à des vidéos préenregistrées plutôt qu’à une vraie conférence de presse.

Une des principales critiques adressées au salon était le fait que toutes les annonces se retrouvaient noyées dans la masse. Les éditeurs n’avaient donc pas un contrôle total de leur calendrier, l’E3 étant considéré comme une étape essentielle dans le développement et le lancement d’un jeu vidéo.

Une mort lente et attendue ?

Début 2020, il y a quasiment trois ans et alors que le Covid-19 n’était encore qu’un drôle de virus lointain en Chine [rire nerveux], j’écrivais un article sur la possible “agonie” de l’E3. Après n’y avoir pas participé en 2019, Sony venait d’entériner le fait qu’il ne participerait probablement plus jamais à ce salon en annonçant ne pas y retourner pour l’édition 2020. L’événement venait déjà de perdre un participant plus que majeur.

Mais c’est finalement la pandémie qui sonnera le glas de l’E3. L’édition 2020 est évidemment annulée pour raison sanitaire. En 2021, c’est un événement online qui est proposé à la place mais qui ne rencontre évidemment pas le même succès. En 2022, alors que l’E3 devait faire son retour en édition physique, l’arrivée du variant Omicron annule de nouveau l’événement.

Cette année, alors qu’une version “revitalisée” de l’E3 était annoncée par l’ESA, l’absence des trois grands constructeurs de l’industrie vidéoludique sonne comme une fin de parcours, dans un silence plus qu’assourdissant. Néanmoins, rejeter toute la faute sur la pandémie n’est probablement pas juste.

Le Covid-19 a évidemment radicalement accéléré le processus d’autodestruction de l’E3, mais en réalité, l’événement devenait de moins en moins “immanquable” aux yeux des professionnels comme des joueurs. Ces dernières années, les éditeurs ont pris en confiance (et en finance) et ont multiplié leurs conférences à eux : EA Play, Nintendo Direct, PlayStation State of Play, etc.

C’est une manière pour les géants de l’industrie de maîtriser chaque étape de leur calendrier et d’éviter les embouteillages de sorties comme d’informations sur une seule semaine de juillet, comme avait tendance à l’imposer l’E3. Par exemple, Nintendo sortira The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom, un des jeux les plus attendus de ces dernières années, un mois après l’E3 2023, mais nul doute que l’éditeur nippon souhaite maîtriser au maximum l’attention de ses fans.

Nouvelle manière de consommer, nouvelle manière de présenter

L’avènement de Twitch, la montée en force du dématérialisé, qu’elle soit pour les jeux ou les conférences, ont eu leur impact. Les streamers sont devenus également commentateurs (on pense à mistermv chez nous) et les jeux vidéo ont trouvé un public bien plus large avec des attentes bien plus diverses qu’un unique événement sur cinq jours ne pourrait satisfaire.

Entre-temps, ces dernières années auront vu l’avènement d’événements comme les Game Awards ou le Summer Game Fest, tous deux organisés par l’ancien journaliste Geoff Keighley. Sans pour autant devenir des rendez-vous incontournables, ces deux occurrences commencent déjà à trouver leur place dans l’agenda des joueurs et des éditeurs.

D’ailleurs, le compte du Summer Game Fest vient de tweeter qu’il reviendrait bien le 8 juin, quelques jours seulement avant l’E3.

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Cela reste tout de même un peu triste pour l’E3 qui a eu ses grands moments dans l’histoire du jeu vidéo, comme la présentation de The Legend of Zelda: Twilight Princess par le légendaire Shigeru Miyamoto, le “you’re breathtaking!” de Keanu Reeves pour Cyberpunk ou encore les conférences déjantées de Devolver Digital.

Adieu l’E3, tu nous manqueras.